Dans les pays développés, la fin des centrales à charbon telles qu’on les connaît aujourd’hui est sans doute pour bientôt. Réunis à Turin, les membres du G7 (Italie, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et États-Unis) ont annoncé, mardi 30 avril, une suppression progressive d’ici à 2035 de toutes les installations qui ne seront pas équipées d’un dispositif de captage de CO2. En clair, leurs plus vieilles centrales.

Cette réunion en Italie était la première grande réunion politique sur le climat depuis la COP28, organisée en décembre 2023 à Dubaï, où les participants s’étaient engagés à renoncer progressivement aux énergies fossiles. Le charbon est responsable de 40 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre, contre 32 % pour le pétrole et 20 % pour le gaz.

Les pays du G7 pèsent 38 % de l’économie mondiale, mais ils ne sont plus responsables que de 21 % des émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres de l’Institut d’analyse du climat, établis pour 2021.

Les États-Unis poussent le développement de système de captage

L’accord a fait l’objet de longues négociations. Certains pays, comme la France, militaient pour que l’abandon du charbon soit acté pour 2030, mais le Japon, en particulier, dont un tiers de l’électricité provient du charbon, était réticent à fixer une date butoir.

Les États-Unis réclamaient eux aussi un peu plus de temps. Surtout, ils insistaient pour que les systèmes de captage et de stockage du carbone soient reconnus comme des instruments à part entière de lutte contre le réchauffement climatique. L’administration américaine a ainsi annoncé, le 25 avril, la mise en place d’une réglementation environnementale très stricte pour les centrales à charbon.

À partir de 2032, les plus importantes d’entres elles devront obligatoirement disposer d’un système de captage afin de réduire de 90 % leurs émissions. La mesure sera progressivement étendue à l’ensemble du parc jusqu’en 2039. Pour y parvenir, le plan Biden de réindustrialisation du pays (IRA), adopté en 2022, prévoit d’ailleurs d’importants crédits d’impôt pour développer les technologies de captage.

Des réserves sur le captage

Sans surprise, la décision du G7 ne fait pas l’unanimité parmi les associations environnementales, dont certaines plaidaient pour l’adoption de mesures plus radicales. Un représentant de l’organisation 350.org parle d’un « progrès important mais insuffisant », tandis que l’Institut d’analyse du climat a estimé que « 2035 (serait) trop tard », jugeant « notable que le gaz n’ait pas été mentionné ».

Le texte représente néanmoins une avancée si on le compare à celui adopté par l’Union européenne, en octobre, juste avant la COP28. Les Vingt-Sept n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur une date précise de fin de charbon et étaient restés divisés sur le captage de CO2.

Le sujet suscite également beaucoup de réticences chez les écologistes. Ils considèrent le captage de carbone des centrales à charbon comme le moyen permettant de prolonger l’activité d’installations polluantes, mais déjà amorties, et s’inquiètent des risques de fuites.

Le stockage du CO2 fait également l’objet de beaucoup de discussions. Des projets sont lancés en mer du Nord, dans d’anciens gisements d’hydrocarbures, et la France envisage d’ouvrir quatre ou cinq sites dès 2025 pour récupérer le carbone d’industries polluantes, comme les cimenteries. Aux États-Unis, le CO2 capté devrait être réinjecté dans les puits pétroliers en activité, afin d’augmenter la pression et obtenir plus d’huile.

Le charbon reste sur des niveaux de consommation records

L’engagement des grands pays industrialisés à sortir du charbon entérine en fait le déclin progressif de son utilisation. Aux États-Unis, il représentait plus de 40 % du mix électrique en 2011, contre 16 % en 2023, du fait du développement du gaz de schiste, moins cher. Même l’Allemagne accélère dans la fermeture de ses centrales à charbon : en avril, le gouvernement a annoncé la fermeture de quinze unités.

En Chine, en revanche, c’est le phénomène inverse. Le pays, qui représente à lui seul la moitié de la demande mondiale de charbon, continue d’ouvrir deux centrales par semaine, qui fonctionneront sans doute pendant plusieurs décennies. En Inde, de nouveaux pics de consommation de charbon sont également attendus cette année, pour répondre notamment aux besoins de climatisation.

En 2022, face à l’envolée des prix du gaz en raison de la guerre en Ukraine, des pays asiatiques comme le Vietnam ont également retardé la conversion de leurs centrales à charbon. Résultat, un record de consommation a été battu en 2023, avec plus de 8,5 milliards de tonnes de charbon qui ont été brûlées. Les précédents dataient de 2022 et 2021 !